La deuxième Communication de ce premier panel est titré « Mise en évidence scientifique et clinique de la MT au Togo : Quelle synergie ? » présentée par le Professeur EKLU-GADEGBEKU.
En introduction de sa communication, le Doyen de la Faculté des Sciences Prof EKLU-GADEGBEKU a abordé des fléaux mondiaux en matière de santé notamment l’émergence des maladies non transmissibles (maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, cancer, diabète et maladies pulmonaires chroniques) qui sont de nos jours responsables de 71 % des décès dans le monde (OMS, 2018). D’autres infections bactériennes potentiellement mortelles constituent une menace croissante pour la santé mondiale à cause de l’émergence d’une résistance microbienne aux antibiotiques.
Par contre le Prof Titulaire en Pharmacologie a souligné que les armes que le monde dispose aujourd’hui pour faire face a ces problèmes de santé les populations mondiales font recours à la médecine conventionnelle (MC) et la médecine traditionnelle (MT).
Malgré l’audience que la MT a auprès du public, elle (MT) n’est pas pleinement intégrée dans le système de santé dominant de pays contrairement à la médecine conventionnelle (MC) fondée sur des preuves scientifiques. Alors que la MT est utilisée par environ 70 à 80% de la population. Certaines raisons expliquent l’intérêt grandissant du Public à la Médecine Traditionnelle telles que :
* Coût élevé des nouveaux médicaments conventionnels
* Effets secondaires sévères des médicaments synthétiques
* Besoins non satisfaits des patients atteints de maladies chroniques comme le cancer
* Résistance microbienne élevée aux antibiotiques
* Maladies émergentes ne disposant pas de traitement curatif
Prof EKLU-GADEGBEKU poursuit sa présentation en relatant les forces de la MT telles que :
Le caractère holistique de la MT qui reconnait un lien entre les symptômes physiques et tous les autres aspects de l’être humain, son environnement naturel et social ; utilisation des éléments naturels locaux pour le traitement. De même la vision non militariste basée sur la focalisation sur la maladie dans diverses parties du corps.
En ce qui concerne la faiblesse de la MT, le Professeur souligne d’une part, que la majorité des pratiques et les formulations de la MT sont basées sur l’empirisme et non fondée sur des preuves scientifiques (précliniques et cliniques), d’autre part que la non utilisation des technologies de diagnostic par manque d’accessibilité économique et géographique.
Poursuivant sa communication le professeur a montré comment les molécules d’origines naturelles (les plantes) constituent une grande partie de l’arsenal thérapeutiques dans la médecine traditionnelle que conventionnelles.
Il reconnait que la MT a une longue histoire mais non assise sur une base scientifique solide selon et l’essence de toute science doit être sans cesse à la quête continue de nouvelles connaissances par le biais de la recherche et le développement de nouvelles applications.
Aujourd’hui , il est pratiquement impossible de pratiquer aveuglément la MT d’antan sans adaptations contemporaines liées aux changements du mode de manifestation des maladies, de l’environnement géo-climatique, aux pollutions des sols , plantes et des animaux , aux mutations des microbes, au changement du comportement humain, du mode de vie et de la génétique de l’homme.
Ayant planté ainsi le décore pour sa thématique, le Doyen de FDS a exprimé la nécessité d’ accumulation quantitative et qualitative des données précliniques et cliniques de MT. Cette acquisition de ces preuves passe par des études scientifiques dont les protocoles sont rigoureusement définis et contrôlés dans le but d’avoir des résultats les plus incontestables possibles.
Pour mieux outiller l’auditoire le Professeur a présenté un exemple schématique de procédure générale d’obtention de principes actifs à partir de plantes médicinales
Il a exposé de nombreux éléments, activités et facteurs pris en compte par la mise en évidence scientifique et clinique de la MT entre autres:
· Bonnes pratiques agricoles pour les matériaux naturels ;
· Bio prospection éthique, inventaire des connaissances traditionnelles, Identification correcte,
· Monographies de pharmacopée pour les médicaments et les formulations,
· Standardisation, contrôle de qualité ;
· Bonnes pratiques de fabrication des produits ;
· Epidémiologie, Conformité réglementaire,
· Documentation systématique
· Toxicité, pharmacodynamique,
· Documentation des pratiques cliniques ;
· Bonnes pratiques de laboratoire pour la recherche scientifique ; etc.
Selon le Doyen de FDS , des protocoles robustes et normes de rapport, excellence scientifique, collaboration entre les praticiens, revues systématiques et méta-analyses, études cliniques contrôlées, sont les fondamentaux clés pour une Médecine Traditionnelle fondée sur des preuves scientifiques et cliniques.
En conclusion , il a suggéré un certain nombre de conseils et de rectificatif pour que la MT puisse répondre au besoin de preuves scientifique à savoir:
La mise en place urgente d’une documentation systématique rigoureuse .
La sauvegarde et la culture des plantes médicinales conformément aux normes mondialement acceptées.
Collaboration active entre toutes les parties prenantes.

Prof Titulaire en Pharmacologie, Doyen de la Faculté des Sciences à L’Université de Lomé, Président du Conseil Scientifique au COA, Membre du Comité Consultatif du Programme de La Médecine Traditionnelle (MT) à l’OOAS.


Prof Titulaire en Philosophie politique, Ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
