Discours du Ministre de l´Enseignement Supérieur et de la Recherche Prof Octave Nicoué K. BROOHM

Monsieur le ministre,

Mesdames et messieurs les représentants du système des Nations Unies

Mesdames Les Professeurs hôtes du SISTRA-BIOECO,

Honorables invités, en vos grades et qualités respectifs,

Mesdames et Messieurs,

C’est un grand honneur que de prendre la parole devant vous tous réunis ici. Cette cérémonie solennelle d’ouverture regroupe deux manifestations organisées sous le thème de la « contribution des scientifiques à l’innovation et à la promotion du modèle de croissance bio-économique ». Le Salon International des Savoirs Traditionnels et Bio-économiques regroupe un colloque scientifique et un espace d’exposition des produits et savoirs respectant l’environnement, la biodiversité, la biodégradabilité, la santé, la cohésion sociale, l’équité des transactions commerciales, la durabilité du développement et une industrialisation reposant sur des sources énergétiques renouvelables ou inépuisables. C’est le présent et l’avenir de l’humanité qui sont  au cœur de vos préoccupations ; des préoccupations qui doivent aussi les nôtres puisque pour reprendre le maxime latine rien de ce qui est humain ne peut nous  être étranger. Notons au passage que ce vers du dramaturge Térence est extrait d’une pièce de théâtre intitulée « l’homme bourreau de lui-même ». n’est-ce pas une mine de réflexion pour votre colloque ?

Permettez-moi tout d’abord de sacrifier aux devoirs de l’hospitalité et de souhaiter la plus chaleureuse bienvenue à tous les participants et  tout particulièrement à nos illustres hôtes étrangers, éminents Professeurs, qui on bien voulu faire le déplacement dans notre pays pour nous honorer de leur présence.

Mesdames, messieurs,

Nous vivons une époque exigeante, fascinante mais vertigineuse et dangereuse pour notre avenir. C’est un lieu commun que d’affirmer que le monde actuel est un village global. Aucun pays, aucune entreprise, même de taille moyenne, ne peut se considérer à l’abri de la concurrence. Le fort développement des technologies renforce à la fois les échanges et la compétition. Nous voyons tous comment vivent les habitants des autres pays et nous voulons bénéficier des mêmes conditions, des mêmes avantages, ou du moins de ce que nous supposons être des avantages. Nous voulons vivre comme on vit ailleurs, partant du principe fallacieux que ce qui est en usage là-bas, dans ces eldorados façonnés par nos rêves et nos frustrations, est meilleur pour notre santé et génère plus de bonheur que ce qui est à notre portée.

Force est de constater, néanmoins, que ces nouveaux modes de vie sont surtout fondés sur des incitations à la consommation effrénée, une consommation que le désir d’imiter son prochain et la concurrence entre firmes rend encore plus excessive, provoquant un recours croissant et irraisonné aux ressource non renouvelables  de notre planète, engendrant ainsi la raréfaction accélérée des énergies fossiles et provoquant des émissions inutiles de gaz à l’effet de serre et la destruction de nos écosystèmes.

Nous pouvons à bon droit douter de la pertinence du modèle de développement que nous avons adopté. Considérons sur le plan des relation internationales les crises politiques à répétition , en Syrie, au Mali, en Lybie, en Ukraine, au Yémen…, souvent provoquées par des conflits liés à la possession de l’énergie ; relevons, sur le plan écologique, le réchauffement climatique qui bouleverse les données géopolitiques et menace l’existence de très nombreux habitants ou encore les risques que font peser sur la vie des populations les accidents nucléaires come à Tchernobyl ou Fukushima ; la situation économique mondiale ne s’est pas améliorée, si l’on se réfère à la crise de 2008, dont de nombreux pays, souvent les moins avancés de la planète, ne se sont pas encor relevés ; que dire des condition sanitaires, avec les menaces d’Ebola, tout près de chez nous il y a peu, de la grippe aviaire, qui touche jusqu’à nos voisins, ou du virus Zika dont la planète redoute la propagation ? que dire aussi des répercussions de l’afflux de migrants ou de réfugiés vers certaines parties du globe, qui provoque des bouleversements sociaux, économiques, culturels, sanitaires, dont les dirigeants mondiaux n’ont pas encore pris toute la mesure et qui risquent d’affecter toutes les communautés, mêmes celles qui vivent le plus à la marge de la planète.

Ainsi donc, puisque notre modèle de développement a montré, ces dernières décennies, ses carences et ses perversion, les décideurs politiques, économiques et scientifiques ont le devoir de travailler en synergie pour tenter de contenir les risques liés aux crises qui ne manqueront pas de s’annoncer. La réflexion sur l’exploitation des savoirs compatibles avec la sauvegarde de toute l’humanité constitue actuellement un sujet majeur de discussion dans les grandes assises. A l’instar de la globalisation industrielle et commerciale, une globalisation de l’approche des problèmes du monde est nécessaire. L’interdisciplinarité et le partage des informations et des découvertes constituent pour chacun séparément et pour la communauté dans sa globalité une  authentique richesse. Nos frontières, si imperméables soient-elles, ne sauraient bloquer les fléaux et les catastrophes à l’extérieur de nos territoires.

Mesdames, messieurs,

Le temps n’est plus à la compartimentation des savoirs et des réponses mais à une vision holistique des défis et des solutions. Je me réjouis que le Centre Omnithérapeutique Africain (COA) œuvre dans cette dynamique. Outre son ambition de promouvoir un système de santé adapté à nos réalités, dans un cadre d’interdisciplinarité, il agit pour une innovation propre et une production intelligente et simple ainsi que pour une valorisation des savoirs et des pratiques qui ont traversé plusieurs millénaires et gardent toujours des impacts positifs et durables sur l’environnement et la santé des populations. Les pratiques du passé contribueront à soulager les souffrances de nos contemporains : tel est le credo du COA.

Malheureusement, l’évolution des modes de consommation, le recours accru aux ressources fossiles, le développement de technologies trop souvent nuisibles, ainsi que la croissance démographique et les multiples exodes de populations ont complètement fait tomber dans l’oubli ou marginalisé, voire occulté certains savoirs et pratiques, constituant pourtant le fondement de la bio-économie.

Ces dernières années, toutefois, les décideurs orientent les axes de développement durable dans une approche bio-économique, à même de produire dans le respect des écosystèmes. En effet, des avancées scientifiques et technologiques récentes et l’intérêt porté à des savoirs et pratiques autochtones nous amènent à revisiter les sciences héritées de la tradition pour répondre aux besoins actuels et futurs dans un environnement propre et sain.

Les savoirs traditionnels et modernes respectant la sauvegarde de notre planète et de ses habitants doivent être valorisés ; ils constituent une richesse incontestable et sont pour les pays un atout de développement durable. Nombre de connaissances scientifiques ou de techniques dans des domaines aussi divers que la médecine, la biologie, l’écologie, l’agriculture, la psychologie, même, sont fondés sur ces savoirs traditionnels. La voie est ouverte, il faut continuer la découverte de ces nouveaux territoires.

Carrefour de la tradition et de la modernité, SISTRA-BIOECO se positionne comme un cadre d’inspiration et de transfert des connaissances écologiques, technologiques, socioculturelles et sanitaires pour l’innovation et l’invention d’un modèle de croissance économique et industriel. Il convient de saluer cette initiative du Centre Om pour le maintien  et le renforcement de cet espace de vulgarisation et de valorisation des savoirs traditionnels bioéconomiques. Je suis persuadé que les

Différentes présentations et les débats suscités par les communications scientifiques vont contribuer à consolider la coopération sur le plan national et international visant à promouvoir la réalisation de projets bio-économiques basés sur des inventions compatibles avec la sauvegarde de la planète.

C’est sur cette note d’optimisme que je déclare ouvert le Salon International des Savoirs Traditionnels et Bio-économiques et son colloque, auxquels je souhaite un plein succès. Je ne doute pas que les innovations présentées et les échanges d’idées contribueront à renforcer la prise de conscience universelle d’un nécessaire changement de cap de la production et de la consommation, aussi bien au niveau industriel qu’au niveau des citoyens.

Je vous remercie.